Un
Roi sans Royaume.
C’est
alors que Massinissa quitte Gadès avec sa fidèle cavalerie
pour la Maurétanie en 207. Craignant les représailles
de Syphax, maintenant allié de son cousin Metzul, il demande
l’aide du roi Baga, chef des maures de la côte rifaine.
Il obtient auprès de lui une escorte de 4 000 hommes qui
l’accompagneront jusqu’aux limites de ses terres. Il
rassemble 500 cavaliers autour de lui auprès des tribus du
nord, restées fidèles au père de l’aguellid.
Lacumazes
qui s’apprête à quitter Thappsus (actuel Skikda),
siège de son gouvernement pour se rendre à Korta, présenter
ses hommages à Syphax est attaqué dans un défilé
non loin de la ville. Massinissa est victorieux mais son ennemi réussi
à s’enfuir et à rejoindre Korta pour donner l’alerte.
Le vaincu et Metzul reviennent à la charge avec 15 000 fantassins
et 10 000 cavaliers. Massinissa est rejoint à sa cause par
des partisans de plus en plus nombreux, sort victorieux de ses combats
et ses adversaires se réfugient chez leurs beaux parents à
carthage.
Massinissa
occupe alors Thappsus qui devient la capitale des Massyles. Il fait
appel à l’union de tous les numides, même Lacumazes
et Metzul, qui quittent Carthage.
Les
carthaginois dépêchent Hasdrubal auprès de Syphax
afin de freiner les élans de massinissa. Ce dernier réagit
et combat Massinissa. Il le réduit à la défaite,
Massinissa blessé trouve refuge et asile dans les montagnes
de Chullu (actuel Collo), avec une poignée de compagnons fidèles
à sa cause.
De là il organise des raids, dont le butin sert à acheter
des armes.Syphax s’empare du pays des Massyles.
Les campagnes carthaginoises ne sont pas en sécurité
et une fois encore Syphax est sollicité d’intervenir
militairement pour faire cesser les agissements des insurgés,
commandés par Massinissa.
Syphax charge le commandant de ses troupes, Buccar, de poursuivre
Massinissa. Ce dernier est battu et perd la presque totalité
de ses compagnons. Buccar, intrépide, le poursuit et le blesse,
mais Massinissa réussit à s’échapper avec
ses survivants en se jetant dans la rivière (oued el kebir
?) Deux d’entre eux se noient et les autres disparaissent dans
les écumes.
Persuadés
de la mort de Massinissa, Buccar retourne à Korta annoncer
la nouvelle à Syphax et se faire verser le prix de la récompense
promise.
Le
sénat à Carthage accueille cette nouvelle avec joie
et les colons célèbrent même cet événement.
Les plaies de Massinissa se cicatrisent, il se remet en campagne.
Il s’avance vers ses terres et reconnu par ses compatriotes,
il est rejoint et fêté. 6 000 fantassins et 4 000 cavaliers
se joignent à lui pour former son armée de la reconquête.
Tous
les territoires annexés par Syphax et Carthage lui adressent
des députations et lui offrent les moyens et l’aide dont
il a besoin pour combattre ses ennemis. Il commence par récupérer
Thappsus et ses environs, puis s’attaque aux territoires voisins.
Un
accord entre carthaginois et Masaeylesiens permet de rassembler une
puissante armée aux limites est et ouest des territoires de
Massinissa. Celui-ci prend position sur les hauteurs de Chullu et
place dans la plaine des groupes de reconnaissance.
Entre
temps Syphax déploie ses troupes au grand jour dans la plaine.
Arrivé au bas de la montagne, il ordonne à ses troupes
d’attaquer et de fixer l’ennemi, pendant que son fils
Vermina, attaque les positions arrières. Le stratagème
réussit. Deux cent hommes réussissent à se dégager
avec Massinissa qui se replie sur les montagnes impénétrables
du massif de Chullu pour échapper à ses poursuivants.
Tous
ses événements qui marquent les déboires de Massinissa
et qui expliquent sa rivalité avec Syphax et sa haine contre
Carthage, se déroulent moins d’un an après son
retour d’Espagne (205 av JC)
Au
même moment, à Rome, Scipion pour des raisons de prestige
au nom du peuple romain, décide de porter la guerre en Afrique
et d’attaquer la ville de carthage. Cette dernière apprenant
la nouvelle se met en état de défense et décide
de recruter des soldats pour se protéger.
Ces
nouvelles parviennent à Massinissa qui quitte son refuge et
rejoint les côtes où il attend l’arrivée
des romains. Dès que la flotte apparaît, il fait dépêcher
des émissaires.
Laelius,
commandant l’expédition reçoit Massinissa, fort
connu dans les rangs romains pour avoir combattu contre eux en Espagne,
et pour ses démêlés avec Carthage et son allié
syphax.
Scipion
cherche à isoler Carthage avant de l’attaquer sur son
propre terrain. Il juge l’aide de Massinissa insuffisante et
penche plutôt pour une alliance avec Syphax, dont les forces
sont les plus importantes.
Syphax,
ne voulant ni déplaire aux carthaginois, ni avoir à
combattre l’armée romaine, réserve sa réponse
et hésite. En 204 il est pressé par ses beaux parents
et envoie un ambassadeur à Syracuse où se trouve le
consul romain pour lui signifier son refus.
Scipion
qui n’a plus le choix sur son allié, fait savoir alors
à Massinissa qu’il doit se tenir prêt.