L'Occupation
Romaine de la Numidie.
Elle
se fit à partir de Carthage, par trois axes principaux :
• Le premier, suit la côte de la Tunisie du nord au sud,
puis il se dirige vers l'est et passe par la Libye ;
• le second, qui va d'est en ouest, suit la ligne du plateau
intérieur, nettement en arrière des massifs côtiers
;
• le troisième, en diagonale nord-est et sud-ouest, représente
la voie de pénétration vers la frontière sud
et vers l'Aurès par Ammaedara (Haïdra, Tunisie), Thevesti
(Tebessa), Thamugadi (Timgad), et enfin Lambaesis (Lambèse).
Trois de ces villes furent les bases de la légion romaine,
qui occupa Ammaedara sous le règne d'Auguste. En l'année
75, elle s'installa à Thevesti, en 81 à Lambaesis, qui
devint par la suite son siège définitif avant d'être
la capitale de la Numidie. La Numidie n'est pas une province côtière
comme l'Ifriqia avec Carthage, et la Maurétanie avec Césarea,
mais une province intérieure, face au désert, soucieuse
de défendre les provinces africaines contre les dangers qui
viendraient du sud.
La Numidie devient un territoire militaire, dont le commandement est
installé à Lambèse ; elle deviendra province
indépendante de la Proconsulaire en 198. A partir de 126, des
voies de pénétration l'aideront à progresser
par les pistes du Sud, mais elle se rétrécit vers le
nord : Hippo Régius (Hippone) est en Proconsullaire, Igilgili
(Jijel) en Maurétanie Sétifienne.
La côte de Numidie a deux ports : Rusicade (Skikda) et Chullu
(Collo). Le reste du territoire forme la Maurétanie Césarienne.
La Maurétanie était gouvernée à partir
de Césarée (Cherchell). Sa frontière est plus
méridionale, loin des monts du Hodna et des hautes plaines
Oranaises; elle ne pénètre guère à plus
de 100 Km de la mer. Au-delà de cette bande côtière,
les populations numides continuent à suivre leur mode de vie,
et à se battre contre l'occupation romaine.
Les cités romaines dans la Numidie et la Maurétanie
s'érigèrent sur les villes de la Numidie, dont certaines
connurent un grand essor et jouirent d'une grande renommée
dans ces contrées anciennes. Hippone, Cuicul, Tiddis, Thevesli,
Madouros, Tipaza, Siga, Ténès, et probablement les plus
importantes villes romaines eurent comme assises les villes numides
elles-même, fondées le long de la côte, sur l'emplacement
des comptoirs phéniciens.
Les plus importantes ruines des villes romaines, se trouvent à
l'est de la Maurétanie Césarienne, dans les Aurès,
et au nord de la Numidie.
Si la sédentarisation s'est faite au temps des phéniciens
et des Royaumes numides, c'est l'urbanisation qui constituera la base
de l'empire romain. Le nombre et la splendeur monumentale des cités
romaines que révèlent les imposantes ruines de Timgad,
Lambèse, Djemila-Cuicul, Tiddis, Tipaza . . . témoignent
du rôle joué par les Cités africaines.
Dans le monde, seules deux villes, demeurent intactes et témoignent
de la perfection urbanistique des cités romaines : Pompéi,
en Italie, ensevelie et sauvegardée par les cendres du Vésuve,
et Timgad en Algérie, ensevelie et sauvegardée par le
sable du désert.
Seul
le royaume de Maurétanie qui s'étendait de la région
de Sétif à l'Atlantique restait virtuellement autonome,
à côté d'un royaume numide réduit à
la portion congrue. La lente pénétration romaine contraignit
les derniers rois maurétaniens à s'installer à
lol (Cherchell), choisie par Octave pour servir de capitale au royaume:
il plaça à sa tête le fils de Juba 1er, dernier
roi de Numidie. Celui ci se donna la mort, après sa défaite,
en 46 av. J. C., à la bataille de Thapsus qui opposa les partisans
de César à ceux de Pompée.
Juba
Il fit de lol une grande capitale qu'il mit sous le patronage de l'empereur
en l'appelant « Caesarea ». Toujours sous l'influence
d’Auguste, il épousa Cléopâtre Séléné,
fille de la célèbre Cléopâtre d'Égypte
et du triumvir romain Antoine; il était subjugué par
sa beauté. L'embellissement de la cité se traduisit,
pour l'essentiel, par des oeuvres d'architecture gréco romaine
dont il ne reste que des éléments épars, alors
que subsistent de riches collections de statues éparpillées
entre les musées de Cherchell, d'Alger et du Louvre. Certains
historiens ont même attribué à Juba Il, sans aucune
preuve, la construction du monumental tombeau royal de Maurétanie,
situé à une quinzaine de kilomètres à
l'est de Tipasa, sur les collines du Sahel, longtemps dénommé,
à tort, « Tombeau de la Chrétienne ».